La supervision professionnelle comme pilier pour un monde plus conscient

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Par Franck Joseph-Maurin *

Dans un monde en constante évolution, où les défis personnels et professionnels deviennent de plus en plus complexes, la supervision professionnelle émerge comme un processus crucial pour le développement personnel et collectif.

Elle représente bien plus qu'une simple pratique ; elle est la pierre angulaire pour aider chaque individu à devenir plus conscient de ses actions et de ses impacts.

Une capacité que les professionnels de l’accompagnement et de la relation, dans tous les domaines, se doivent de développer et de cultiver particulièrement.

Le Larousse donne plusieurs définitions de la conscience dont les trois principales sont les suivantes :

  • Une connaissance intuitive ou réflexive immédiate que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur,
  • Une représentation mentale claire de l’existence, de la réalité de telle ou telle chose,
  • Et, en psychologie ; la conscience est une fonction de synthèse qui permet à un sujet d’analyser son expérience actuelle en fonction de la structure de sa personnalité, et de se projeter dans l’avenir.

Au cœur de ces définitions, on retrouve la capacité de l’individu (le soi) à « s’expérimenter » en tant qu’élément actif de l’environnement. La conscience concerne donc la connaissance et la représentation que chacun se fait de lui-même en tant que partie-prenante aux dynamiques de son environnement.

« J’existe dans le monde » pourrait être la première manifestation de la conscience. Suivie presque automatiquement par « j’exerce donc un impact sur le monde dans lequel j’existe, et je suis impacté par lui. »

En tant que professionnel de l’accompagnement et de la relation, il nous est indispensable d’avoir une perception subtile et accrue de cet impact, car il engage notre responsabilité éthique bien au-delà des murs de notre cabinet.

Ceci est valable pour un individu, bien sûr, mais également, dans une dynamique fractale, pour un groupe, une organisation, un pays… qui, toutes et tous, peuvent développer la conscience qu’ils et elles ont de leur impact dans le monde.

Quelle que soit l’entité concernée, cette conscience de soi et de son impact semble être évidente, une simple question de bon sens qui devrait nous engager à prendre des décisions et poser des actes responsables et respectueux, nourriciers et constructeurs pour ce monde qui nous abrite, ces êtres qui nous sont proches, ce vivant qui nous garde en vie.

Et pourtant, tous les jours, partout, de multiples manières, à tous les niveaux, à travers tous les territoires, immanquablement, malgré toute la meilleure volonté du monde, ça bugge.

Nous pouvons bugger créativement, intentionnellement, par accident, innocemment ou perversement, en prise avec nos désirs les plus profonds, confrontés à nos besoins les plus basiques, mais nous buggons.

Volontairement ou involontairement, nous faisons des croche pattes à nos propres consciences. Nous leur tendons des pièges, nous nous rions d’elles, nous nous cachons derrière notre ignorance ou nos faiblesses. Notre humanité même, qui n’existerait pas sans cette capacité, nous sert parfois d’excuse pour ne pas la mettre en œuvre.

Or, la supervision, dans son essence, est un voyage intérieur qui invite les professionnels à une introspection profonde, un examen de conscience fondamental dans toute démarche de croissance personnelle. En se concentrant sur le développement de la "conscience de la conscience de soi", la supervision offre une opportunité unique de réfléchir sur notre propre réflexivité, de stimuler notre "machine interne" pour mieux comprendre nos interactions avec le monde qui nous entoure. Et pour limiter nos bugs…

Dans cette optique, le rôle du superviseur est celui d’un cartographe, créant un espace sécurisé et confidentiel où les supervisés peuvent explorer leurs pensées et sentiments sans crainte de jugement. Ce cadre propice à la réflexion aide les individus à développer une capacité à percevoir et ajuster leur influence sur leur environnement professionnel et personnel. Par ce processus, ils apprennent non seulement à améliorer leurs compétences et méthodes de travail, mais aussi à enrichir leurs relations interpersonnelles, renforçant ainsi les dynamiques de groupe et la cohésion au sein des organisations.

La diversité des méthodes et des approches en supervision est également à souligner. Il existe un large éventail de pratiques, allant des méthodes traditionnelles aux approches plus modernes et innovantes, chacune offrant des perspectives et des outils différents pour aborder les défis professionnels et personnels. Cette diversité est une force ; elle reflète la richesse des expériences humaines et professionnelles et montre la nécessité d'une agora où ces diverses pratiques peuvent être étudiées, déployées, et partagées. Chaque méthode de supervision, chaque nouvelle approche apporte sa pierre à l'édifice d'un monde professionnel plus conscient et réfléchi, où chaque acteur a les outils pour non seulement réussir mais également contribuer à un environnement plus éthique et durable.

En conclusion, la supervision n'est pas juste une pratique, c'est un engagement envers la conscientisation. Elle est un appel à tous les professionnels à prendre du recul, à réfléchir et à agir de manière plus éclairée et responsable. À travers la supervision, nous pouvons tous aspirer à devenir non seulement de meilleurs professionnels, mais aussi de meilleurs citoyens du monde.

* Président de 2022 à 2024, de la Fédération des Superviseurs Professionnels (PSF), coach et superviseur de dirigeants, psychopraticien du lien, membre du Conseil d’Administration de PSF et membre de l’AICC Global.